Court toujours
Ne prends pas peur
Ne prends pas peur.
Cache-toi. Dissimule-toi. Où tu peux.
Tu seras bien.
Cette lumière blanche, tu ne l’as pas vue.
Elle te regarde. Fuis-la.
N’écoute pas les autres, leur impudeur est malsaine.
Ils te touchent, te palpent, sans retenue, détache-toi.
Tu ne leur appartiens pas.
Elle ne te regarde pas. Tiens-la à distance.
C’est leur fantasme pas le tien.
Relève-toi, faufile-toi comme les soldats.
Front à terre, rampe.
Évade-toi.
Millimètre par millimètre avance.
Ton corps n’est rien.
Écorche-toi. N’aie pas peur.
Ni de la boue, ni des épines.
N’oublie pas. Tu ne ressens rien.
Avance, juste avance.
Écarte-toi, enfonce-toi.
Tes côtes te font mal, ta trachée est écrasée.
Tes oreilles bourdonnent.
Tes veines battent, explosent.
Tu t’en fous. Tu es là, quelque part.
La tourbe est douce et fumée.
Elle te dévorera.
Sous cette boule douceâtre, recroqueville-toi.
Elle s’étire, t’épouse, se dilate.
Envahissante et dangereuse.
Elle t’absorbe, te pénètre, t’étouffe.
Tu es si bien.
Tu disparais.
Caroline Pandelé convoque, dans le désordre : coïncidences, intimité, fragilités, fragments de vies, mémoire, narrations visuelles, captations photographiques ou sonores… dans l’ordre : une œuvre. L’enveloppe mince de nos existences sensibles. Caroline Pandelé, artiste, vit et travaille.
En savoir plus : www.carolinepandele.com
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Texte et images : Caroline Pandelé.
10/2016
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