En petite série

289

Les gens vont par deux ici

Les gens ont tout laissé tel quel.
Il neige. Irréel du passé, il est parti.
Je ne comprends pas tout.
Et elle ? Reçoit-elle mes lettres ?
Le vent se lève, une goutte.
Plonger dans l’eau noire.
Oublions, je grimpe, je lis, je classe.
Le souffle court.
C’est loin, je ne le dis pas.
C’est fini, maintenant le temps est silencieux.
Regardez‐moi dans les yeux, ils sont grands.
Rouges. Ils ne vont pas bien.
Il neige.
Oublions. Ça va vite, le temps.
C’était parfait.
Tout de même de petites erreurs dans le temps écoulé.
Passons.
Deux. Les gens vont par deux ici.
Les oiseaux aussi.
Trois. Trois lignes, trois lignes au‐dessus.
Une toute petite marge, un espace ridicule.
Le ciel est rose, assis dans l’herbe.
Sur son cou l’empreinte brille. Par trois.
Bleu et or.

Par deux encore

Deux. Deux dents, devant. Seulement.
Sur la table les couverts sont intacts.
Blancs. Dedans.
L’enveloppe, affranchie.
Menue.
Mal fermée, mal collée.
Des questions mal écrites.
Des réponses non dites.
Une zone blanche.
Des ponts, des couleurs, des gens…
Quatre voies, 11:24, sous un pont.
Rouge.
Kilomètre 188.
Passons, passons.
Deux lettres. Rouges. Majuscules.
Entrelacées, bombées, bouclées.
Croisées, renversées, redressées.
Trônent.
Un point rouge. Un point.
De petites boules rouges.
Du fond du jardin, elle se souvient.
Chemin des cerisiers, les buissons sont ronds.
Une même couleur.
Une clé, un dossier, une bouteille, un torchon.
Puis, une bouée, des capuches, un sac, des camions.
Deux b.
Une tâche sur un pont.
Capucine et coquelicot.
Un homme, une femme marchent.
Un bébé, apposé, un par ventre.
Deux bébés.
Un feu, passé au rouge.
Un passage en pointillés.
Blancs.
Deux jeunes filles en attente.
Un bébé dedans.
Passera ou pas.
Les gens vont par deux ici.
Impassiblement.
Deux cygnes, deux canards, deux coccinelles. Deux tâches.
Deux ailes. Deux portes.
Deux couleurs.
Jaune puis blanc.
S’il vous plaît, sortez !
Doigt pointé. Une porte.
Merci ! À bientôt ?!
Dans les nuages, tranquille, un pigeon.
Un nid.
En boule, sur la branche, seul, il couve.
Deux boules blanches ce matin. Douces, fragiles.
Un. Puis trois.
Dès cinq, une est floue.
4, les 4 fenêtres sont faites.
Deux puis encore deux.
Trois marches, élevées.
Un escabeau déplié.
La ville est blanche.
Silencieuse.
Il neige.
En coup de vent.
Nous verrons.
L’enseigne devant ne sera jamais éteinte.
Clignote.
Comme un fou.
Noir, il tourne. Deux tours.
Puis s’en va.

Encore et encore

Les chèques sont reportés, ici.
Pas de but précis.
Une envie, celle de vous écrire.
Sans dessein avéré.
Sans nous connaître nullement.
Au‐delà du fugace croisement.
Deux structures, trois toiles et un parc.
Une cape, une capuche, une cagoule.
Trois cas. Deux P.
Rouge de rigueur !
Une brèche possible. Un à‐pic entendu.
Les images te poursuivent.
D’un moment à un mot.
D’un mot à un moment.
Juste la peur, l’instant d’une rêverie.
Une histoire sans début d’histoire.
La voiture s’éloigne.
Une histoire de vous, pleinement.
Agréablement, pleine de vous.
Deux inconnues.
Une durée incertaine.
Vous n’en savez pas beaucoup.
Plus de vous sur moi que de moi sur vous.
De moi.
Assurément.
Je pense à vous.
Je ne le dis pas.
De vous à moi.
De vous connaître plus, après cela.
Rien n’est figé.
Proposez, nous verrons.
Oh, je pense à vous, et me permets.
Les collines sont blanches.
Tout a poussé, tout autour.
Tout tourne, en rond, en carré.
Je ne dors pas. Pas encore.
Je vous lis au cœur de la nuit.
Les nuits sont bleues, ici.
En bordure d’un café noir, je vous relis.
Les nuits sont silencieuses.
Je parle, je vous parle.
Je m’enfouis, m’enfuie.
En creux.
Le parfum d’une peau, l’image d’un couteau.
Ce matin est difficile.
Atterrissage forcé.
Goût cynique.
Piqûres de rappel amères.
Les yeux sont pochés et défoncés.
Le jaune incisé s’écoule.
Des visages confondus.
Une brigade de tulipes transie.
Rouge vif, encore et encore.
Assise dans le parc, rien ne presse.
Une ligne qui n’est pas tracée.
Un jour, on voit.
Un jour, on croit voir.
Ça retombe.
Un jour, on doute.
Là, je vous relis.
Sachez que je peux être crue.
Irréelle.
Un tourbillon, un bouillon.
Le requin nage au fond du lac.
Absent.
Temps décomposé, espace décentré.
Mot chuchoté. Il faut crier !
À minuit, un besoin de vous parler.
De vous voir.
Une envie.
De vous lire, de vous relire.
De vous.
Les rues sont sourdes ce soir.
Un échange, une nuit.
Attendu. Reporté.
Il revient, il revient toujours.
Les yeux fermés, je n’ai pas peur.
Convoqué, invoqué.
Le ciel est blanc.
Les cerises coulent dans mes veines.
Ce jour ne sera pas kilométrique.
Nous nous verrons, nous parlerons.
Je ne le dis pas.
Une ébullition ou pas.
Rien que vous ne suciez déjà.
D’accord ?! D’accord.

Caroline Pandelé convoque, dans le désordre : coïncidences, intimité, fragilités, fragments de vies, mémoire, narrations visuelles, captations photographiques ou sonores… dans l’ordre : une œuvre. L’enveloppe mince de nos existences sensibles. Caroline Pandelé, artiste, vit et travaille. 

En savoir plus : www.carolinepandele.com

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Texte et image : Caroline Pandelé.
03/2019

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