En petite série
Aujourd’hui j’ai avalé un ange
Soleil. De midi, de plomb.
La moto est chinoise, le chemin est rouge. Foncé.
Celui qui est devant moi tient une machette et le guidon, celui qui est derrière moi invoque les esprits. C’est toi. J’avale l’air chaud. Ça chante, ça rit, ça zigzague : jamais route ne fût si joyeuse !
Stop.
Ça marche en silence maintenant, sur le rouge, jusqu’au manguier.
Puis, sous le manguier, ça se déchausse : les ancêtres préfèrent les pieds nus.
Ça attend les prophéties, ça boit du gin, ça rit.
Ça vibre.
Une graine brune et plumeuse, virevolte, portée par le vent : tu la cueilles dans le bleu du ciel et me l’offres : « Ceci est un ange ».
Pour être sûre de ne jamais le perdre, je l’ai avalé.
