En petite série
289 #2
Double hélice
Quelqu’un à quelqu’un.
Quelqu’un pour quelqu’un dans un coin caché sous une capuche noire.
Camouflé, il danse, tourne dans l’ombre des courants électriques.
D’un coin de l’œil, l’enseigne cligne, crispante et écœurante.
23:54. 23:56. 02:32. 04:03.
À la surface, rien à signaler, ni tronc, ni cadavre, ni mystère.
Des feuilles, juste.
Rentrer à la maison. Une idée, une envie, une nécessité.
Des erreurs.
Ce matin, ils sont 4.
4 cygnes. Le cul en l’air, ils flottent comme des bouchons.
Une courbe. Un bec.
Le camion aussi est installé, bien bordé, basculé dans le fossé.
Entre champ et bitume, la nuit tombe, il dort.
La scène est blanchie, du rouge encore du rouge.
Des lumières perchées crânent.
Des mats métalliques pointent.
Droit dans mes bottes, je suis seul, adossé à la rambarde.
Que regardez-vous ?
Une apparition, une disparition.
Y a‑t‑il toujours des crocodiles ici ?
Je vais en pêcher un. Un pour vous.
Sous sa casquette, il cuisine.
Vous avez le droit, mais vous ne pouvez pas y aller comme çà !
Il faut des bottes, des bottes noires.
Mais je ne peux pas !!
Amputée, le cœur retiré.
Elle est toujours là-bas.
C’est comme ça. Tout passe.
Une matière, prélevée, de l’eau, un peu.
Deux gouttes de chaque, dans l’une, dans l’autre.
De nombreuses erreurs commises.
Elles se mélangent. Deux brins enroulés.
Un baiser distant, classé et codé.
Celui-ci est propre et tendre.
Enfermé dedans. Hermétique au temps.
Dans son dos, deux attaches triangulent.
L’or sur fond rose poudré brille.
Entraxe 21 cm.
C’est amer. C’est doux.
Caroline Pandelé convoque, dans le désordre : coïncidences, intimité, fragilités, fragments de vies, mémoire, narrations visuelles, captations photographiques ou sonores… dans l’ordre : une œuvre. L’enveloppe mince de nos existences sensibles. Caroline Pandelé, artiste, vit et travaille.
En savoir plus : www.carolinepandele.com
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Texte et image : Caroline Pandelé.
10/2019