En petite série

289 #5

Dis

Le thé infuse.
La membrane amincie se chiffonne.
Les brins se déchirent.
Une bouffée ce matin aire du chien blanc.
La poignée glisse des mains.
Les doigts sont doux.
La ritournelle est amorcée.
Les enfants entendent.
Les enfants entendent parler.
On leur parle.
Les enfants comprennent ce qu’on leur dit.
Les enfants entendent les voix.
Ils rendent les voix qu’ils entendent.
Les voix portent, vibrent et se tendent.
Enveloppantes.
Une réception.
Une inversion.
C’est quoi une inversion ?
Sur un arbre perché ?
Perché sur un arbre ?
Qui des deux ?
Perché ou barré ?
Tu dis ?
Une route une nuit.
Dans son bec il le tenait.
Le prix ferme de l’œuvre qui ne tombe pas.
Deux points cordiaux au suivant.
Flatterie ou envie ?
Croyez-vous.
Se nourrir, courir, dormir et partir.
Un de trop.
Encore, et encore, et encore.
Trop de trop.
C’est déjà dit.
Deux fois.
Dire quoi ?
Les loups ne changent pas.
Il est midi.
C’est vrai.
II est midi.
Vous devez avoir faim !
Le sud est à l’opposé.
Comment faire ?
Trouver le nord à midi.
On est bien.
Regardez !
Et le sud ?
Au sud de la forêt.
Cherchons de ce côté.
Nous verrons.
Écoutez.
Vous entendez !
Peu importe.
Au loin.
Si nous partions ?
Il a tourné.
Il a sauté un cran.
Le ton est sec.
Courroie emballée.
Liquide fuyant.
La mare est grasse.
Le voilà !
Frappez des mains.
Une fois.
Maintenant !
Criez.
Allons manger.
Et si nous passions ?
Sautons une page.
C’est mieux.
J’ai faim. J’ai soif.
Cachez vous !
Derrière ce taillis ?
Ce n’est pas un taillis !
Une pousse de forêt.
C’est ridicule ou insupportable, ou les deux.
Les deux.
C’est une forêt.
Une minuscule forêt.
La voiture s’éloigne.
Le chien fume assis sur le banc.
L’horloge pointe.
La chasse est fermée.
Il est 8:00.
C’est précis.
Le filet replié est rangé dans sa malle.
Tranquille et polie.
Ne marchez pas dessus !
Pris dedans.
Pieds devant.
La terre est retournée.
Où sont vos bottes ?
C’est quoi cette porte sans cadre ?
Le Point du jour.
C’est quoi cette image aux coins voilées ?
Un dimanche.
C’est quoi cette femme baskets aux pieds dorés ?
Un samedi.
Les gens vont par deux ici.
Ils font la queue à deux.
À deux ?!
C’est mieux.
Même tendus ?
Tellement.
Entre deux distractions.
C’est commun.
Croyez-vous.
C’est comme ça.
Le grain est assez fin ?
Pas assez poli !
Excentrique ou vibrante ?
Surfaceuse ou défonceuse ?
Elles ont gelées en orbite.
Quoi ?!
Les idées.
Il était temps.
En même temps c’est samedi.
Ou dimanche.
Rose ou blanc ?
Lot de 6 ou de 26 ?
L’offre est déclinée, mise en caisse.
La caisse est verrouillée, basculée au fond.
Au fond du lac noir.
Kilomètres déroulés.
On mangera des frites.
On ne se fera pas tout petit.
On coupera la nuit en deux.
Continuez !
Tout au bout.
Au bout des ponts.
Tournez à gauche.
Prenez la voie de gauche et restez à gauche.
Restez sur la voie.
À quoi rêve le loup ?
Trop de ci, trop de ça.
Tubulaire, rabattable, adaptable, pivotante, extractible, affleurante, hygiénique.
Ça fait beaucoup !
Une belle brochette.
Peu importe.
Elle ne retient rien.
Elle est bouclée.
Sans préavis. Sans palier.
La tête est pleine.
Elle brille.
Elle brille trop de la fenêtre.
Encore trop de trop.
De la fenêtre de la chambre de la maison.
4 couches appliquées.
32 fois. 64 fois.
Col en V ou col rond ?
C’est vous le spécialiste.
J’ai faim. J’ai soif.
Tenez !
Sautez !
Comment faire ?
Une page à la fois.
C’est douteux !
À pas de loup les tas se consument.
De petites bulles crèvent la surface.
Elles émergent de rien.
Pas de brin de vent.
Vous êtes réveillé ?
Comment veux-tu que je t’appelle ?
Sur la plaque dorée ?
Sans nom.
On ne la voit pas !
Pas trop.
Un peu.
Dans le coin en bas.
Aussi dorée que la chaine au cou tendu.
Elle serpente à contre-courant.
Éblouissante, luisante. Aveuglante.
Ils sont revenus.
Ils chantent. Ils dansent.
Un beau tourbillon de ventres rouges.
Les instants sont gravés.
Entre les branches.
Tout au fond.
Chambre 109.
On ne pouvait ni reculer, ni avancer.
Pas de sortie. Pris dedans.
Nous étions que nous.
Cuits sur le rivage du bac bleu.
Une jolie soirée.
Un joli chou dans sa gueule de loup.
Le loup change.
Se nourrir, courir, dormir, partir, et sourire.
Passer la troisième.
Sans résistance. Sans arrêt.
Frissons alcalins.
Sentir. Juste sentir.
Feu aux joues.
Le son monte.
Ni aire, ni sortie, ni écart.
D’un trait à toute vitesse.
Une indication. Une inscription.
Sortie numéro 16.
Le mot est Tendu.
Une dédicace du cul du camion à troncs.
Un clin d’œil dit la taupe.
L’impasse est empruntée.
Une surprise à deux C.
Kilomètre 77.
Une petite voix dit qu’elle aime.
Elle dit ma petite tête fait une phrase.
C’est une enfant.
Depuis le circuit ronronne.
9 tours cerclés en huit à midi.
Déplacement assuré.
Kilomètre 89.
Tout à coup le silence.
Un silence blanc.
Pur et profond.
Deux puis trois.
Il est 16:00.

Un feuillage lumineux, accompagnant une série de textes de Caroline Pandelé, édités par Magazine Aléatoire.

Caroline Pandelé convoque, dans le désordre : coïncidences, intimité, fragilités, fragments de vies, mémoire, narrations visuelles, captations photographiques ou sonores… dans l’ordre : une œuvre. L’enveloppe mince de nos existences sensibles. Caroline Pandelé, artiste, vit et travaille. 

En savoir plus : www.carolinepandele.com

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Texte et image : Caroline Pandelé.
03/2021

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