Court toujours
Hôtel Acapulco
Mes mains, décharnées, ont continué à battre des textes,
en transformant en papier chaque voix de mort,
je n’ai pas laissé de testament,
oubliant de soigner
ce que tous définissent comme l’affaire normale
de chaque être humain : bureau, maison, famille,
l’idéal, enfin, d’une vie régulière.
Abandonnée, dans le lointain de 2026, toute défense
d’un contrat à temps indéterminé,
étiquetée comme déséquilibrée,
je suis enfermée dans le centre de Milan,
hôtel Acapulco, hôtel décrépi,
appelant à la récolte de rêves de marginaux,
épuisant les épargnes d’une vie
dans le loyer, en magazines et maigres repas.
Quand les carabiniers feront irruption
dans la pièce décrépie de l’hôtel Acapulco
et trouveront encore un mort sans testament,
qui racontera l’histoire, ordinaire,
d’un vieux contrevent usé ?

Universitaire-historien-écrivain-poète, Ivan Pozzoni assemble mots et récits, construit mouvements et positions politiques (Kolektivne NSEA-collectif de recherche socio-ethno-anthropologique et esthétique, Néon-avant-garde), s’invente des vies… tout en démesure. C’est fou.
Traduit de l’italien par Pierre Lamarque.
En savoir plus : kolektivnenseae.wordpress.com
Lire aussi : Fou à re-lier
Texte : Ivan Pozzoni — Image : Ruth McEnery Stuart and Albert Bigelow Paine, Gobolinks, or Shadow Pictures for Young and Old. The Century Co., 1896.
09/2025