Tendre ampoule électrique
Je vois #2
Je vois encore une fois s’agiter l’homme bleu
On connait ici ses petits sauts de lièvres
Ses poings qui menacent Ses grosses lèvres
où agonisent toujours les derniers mots d’adieu
Adieu machines Adieu limes et marteaux
Adieu camarades qui chaque jour avec moi
avaient offert vos bronches votre part du gâteau
Et sa main qui porte cent blessures ses doigts
fendus partout comme des pierres par le givre
désignent la belle demoiselle sa chère dulcinée
C’est ainsi qu’il appelle la grande cheminée
Celle qui toute une vie de chien l’a fait vivre
aux rythmes des feux où se tordaient les fers
aux rythmes des fumées aux portes des enfers
Mais quand une voix agacée par tant de servilité
lui demande pourquoi ce mal alors le regretter
avec des roulements gras de toux dans la gorge
il dit Tu ne peux pas comprendre Non petit
tu ne peux pas car tu n’as jamais vu dans la forge
le métal t’obéir La forme que le savoir bâtit
Et les couleurs qui du froid au chaud voyagent
comme sur l’océan les grands oiseaux sauvages
Tu ne peux pas comprendre et c’est tant mieux
Garde tes yeux rivés à l’écran broussailleux
Le monde que j’évoque tu ne le connaîtras jamais
Je te le dis crois moi du fond de ma colère
il te ferait des trous en plusieurs exemplaires
comme ont fait sur ma peau les fumées que j’aimais
Des gros trous dans ton âme ou dans ce qu’il en reste
Jean-Luc Aribaud. Vivant. Miette dans la mandibule, ses deux ailes de papillon ont fondu sur l’expérience du réel absolu avant de surprendre l’énergie du hasard. D’altérités en passages, de chimères en réceptacles, de comètes en vérités, il consentit à la poésie en me soufflant : retourne-toi il n’y a rien.
En savoir plus : @jeanlucaribaud
Lire aussi : Ce que le soleil peut #3 — Ce que le soleil peut #2 — Ce que le soleil peut #1 — Je vois #4 — Je vois #3 — Je vois #1
Texte et image : Jean-Luc Aribaud.
06/2022
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