Long cours

La boutique où rien n’est à vendre

Delightful, le brochet de porphyre, murmura Percival Travers ; moins triste que la chouette de bronze et plus spirituel que le king-charles de gutta-percha.

Dans la vitrine s’alignaient des animaux à peine ébauchés, s’efforçant hors de leurs gangues, cherchant à prendre vie : des tortues, une pintade, un lapin rongeur de choux…
– Que vous inspire le lapin ? demandai-je.
– Le lapin rappelle beaucoup Lady Gertrud Glynn.

Avec un « rien » d’accent dont il n’a jamais su se défaire, Percival appuya sur : beaucoup.
Des tableautins de X…, plusieurs toiles de Z…, égayaient l’édénique mais blafarde nudité de la Galerie 304. Quelques visiteurs arrêtaient leur muet piétinement, se penchaient un instant au seuil d’un cadre. De son bureau cubique, un jeune homme posait sur les plateaux d’une balance idéale l’acheteur ou le journaliste.
– Venez voir la seconde vitrine, Percy, celle des reliures.
– Reliure, expression communément en usage au XVIIIe siècle et désignant une personne coutumière de négoces honteux.
– Quoi donc ? Vous plaisantez… Je manque d’intuition, je n’ai pas compris. … Charmante, la chemise en galuchat des « Contrerimes », ne trouvez-vous pas ?
– Je préfère l’habit laqué de la « Jeune Parque » et le pyjama en peau de requin du « Chéri » de Colette.

Ayant ainsi parlé, Percival fixa tout à coup sur la cimaise un regard critique.
– Pourquoi Z… voit-il en mauve le visage de Cléonice ? Ma chère amie, les artistes modernes sont peut-être doués, ils sont outrés, assurément. Et vous partagez cet avis. Faut-il qu’ici, toile nº 7, l’aura de Jean Cocteau nous aveugle de fulgurations pourpres, ou que le nimbe de Maud Loti, toile nº 13, soit d’un bleu choquant ? Z… exagère.

La mèche frontale que mon compagnon « ramène » avec négligence s’était déplacée, alors que sa myopie aimable clignait vers le nº 22.
– Oh ! Oh ! J’aime cela, et non le reste, my dear, s’écria-t-il. Delightful indeed ! Une Amaryllis délivrée par Siphon…
– Voyons, Percy, que signifie ? La Mythologie et l’Histoire s’accordent pour nous enseigner que cette divinité, volute de chair sur un rocher de bitume, figure tout bonnement…
– Amaryllis, nymphe de l’Aonie, fille de Mercure et de Pasiphaé. Aimée de Pan, qui l’avait aperçue au bain, elle s’enfuit et se cacha dans les Cavernes Éoliennes. « C’est là que, prise en pitié par Siphon, elle fut métamorphosée en mouette. » (Ovide).
– Assez, vous n’êtes pas sérieux.

Mais Percy s’obstinait.
– Siphon, frère adultérin de Borée, vent du Sud-Ouest fréquent sur les côtes de l’Archipel Grec. « Les Siphons précurseurs du printemps… » (Virgile). Et maintenant, je crois que nous en avons assez de la Galerie 304. Il fait beau, le footing est un exercice salutaire… Quittons la relative solidité de l’art pictural, laissez-moi vous conduire à la boutique où, God bless you, rien n’est à vendre.
– Une boutique où rien n’est à vendre, en un temps où l’on achète le temps, l’amour et les consciences ?

Percival n’écoutait plus. Il redemanda sa canne au portier* du « tambour » et comme celui-ci bafouillait entre la pile des catalogues et le vestiaire, il insinua dans sa main une monnaie en le traitant de marronnier.

« Une boutique sans étalage, une façade étroite, neutre, grise. Le mystère m’en fut révélé par hasard, offert, en quelque sorte. Incredible, my dear ! Mais ainsi va la logique du destin. »

Nous suivions la rue des Pyramides.
– Ai-je bien entendu, tout à l’heure ? dis-je. Le substantif marronnier, convient-il à l’être humain ?
– Marronnier, homme de basse condition chargé des travaux de la voirie. On dira par extension d’un débardeur ou d’un homme de peine qu’il est un marronnier. « Marronnier », maladroit au sens péjoratif… C’est le sens que je prêtais à ce mot, ajouta négligemment mon ami.

Il m’avait saisie par le bras et m’entraînait sous les arcades Rivoli. Dans la claire matinée s’amplifiaient roulements, grincements, cahots. Nos pas martelaient le trottoir.
– Vous manquez décidément de fantaisie, ma chère. Les qualités éminentes du jeu de l’à‑peu-près ou de la fausse définition vous échappent, you do not catch the wit. Bien chimérique, bien fugace, pourtant, l’équilibre de cet univers-ci. La moindre déviation dans l’édifice du convenu mène à l’éternel renouveau. Caillou, paille, pelure d’orange… On va de méprise en surprise. Et s’il me plaisait, à moi, que le titre de sénateur, par exemple, fut appliqué à quelque mastodonte de l’âge secondaire ? « … L’homme primitif happé par le ptérodactyle et par le sénateur. » Et encore, en admettant que le sénateur appartienne au genre des carnassiers contemporains : « Le confus sénateur par une poule pris… ». Mais tout ceci n’est que badinage, et de médiocre aloi, j’en conviens. J’ai voulu, par la cocasserie des préliminaires, vous initier aux merveilles qui nous attendent.

La rapidité de la course nous soulevait. Au-dessus de nos têtes, des arches paraissaient s’entredévorer ou s’évanouir à mesure.
– N’avons-nous pas traversé la place du Théâtre-Français ? Ne sommes-nous pas au Pont-Neuf ? Aux Halles ?
– Nous approchons. La place des Vosges, telle l’araignée au cœur de sa toile, évoque un Paris défunt, une époque où filles galantes et dames de qualité, ménagères, soubrettes et gueuses, se croisaient aux abords de l’église Saint-Denys du Saint-Sacrement. Prenons à gauche, la rue des Tournelles, laissons derrière nous les toitures cabossées de la rue du Pas-de-la-Mule, engageons-nous à l’angle de la rue Saint-Claude. La boutique où rien n’est à vendre se dissimule dans l’ombre d’une très ancienne demeure qu’habita le Comte de Cagliostro, de suspecte mémoire. Là, là… Une boutique sans étalage, une façade étroite, neutre, grise. Le mystère m’en fut révélé par hasard, offert, en quelque sorte. Incredible, my dear ! Mais ainsi va la logique du destin.
– Et nous y voilà ?
– Nous y voilà. En ce lieu, rien de prévu, on glisse en hauteur. Angela est magicienne du concert gratuit… Peut-être même verrez-vous la fleur-de-lune, le papillon solaire, l’oiseau de la Barbade… Attention, please, aux marches inégales, à la chaîne de la sonnette…

Un carillon retentit, le battant d’une porte tourna sur ses gonds. Nous entrâmes.

Rien ne s’achète, tout se devine. « La boutique où rien n’est à vendre », une fable délicate de Renée de Brimont dans Magazine Aléatoire.

– Miss Angela, qui n’est point marchande puisqu’elle ne vend rien, dit Percival en s’inclinant… Je vous amène a visitor, Miss Angela.

Une jeune fille se tenait devant moi, blonde, menue, vêtue de linon blanc des pieds à la tête. Une singulière impression se dégageait de sa beauté. On eût dit que les nacres de son visage s’illuminaient de l’intérieur, que ses yeux couleur d’océan, que son sourire de petite sphinge exprimaient non l’ignorance, mais l’innocence avertie, non l’inconscience enfantine, mais l’enfance reconquise. Autour d’elle, des miroirs se renvoyaient mille flammes dont je ne devinais pas le foyer. Ovales ou carrés, taillés en disque ou à pans géométriques, éclatants, irisés, givrés, ternis, ils composaient une symphonie décorative. Mille fragiles verreries, coupes, buires et pyxides disposées sur des tablettes, s’y miraient en se multipliant. Suspendues à la voûte bleue du plafond, nombreuses, nonchalantes, des cloches de cristal balançaient leurs corolles renversées.

La jeune fille nous avait fait asseoir. Elle allait, venait, légère, replaçant à droite un flacon, époussetant à gauche, avec les duvets d’un plumeau, les gorges jumelles de deux calices.
– Miss Angela, pria Percy, nous donnerez-vous un instant de musique ? J’ai conservé de la dernière audition une nostalgie, une hantise… Oui, ce fut un plaisir que je ne soupçonnais pas, and I was longing to hear the bells again.

Angela nous regardait, à présent.
– Les hommes ne savent plus rien du plaisir, ils l’ont oublié.
… Ils l’ont oublié, ils en ont perdu le sens, ils l’ont cherché dans les froids dédales d’une science condamnée, et dans la chair, et dans le sang. Ils l’ont cherché dans la gourmandise et dans la vanité, dans l’avarice et dans la paresse… Et dans la domination, la douleur même, et la mort.
Sa voix était pénétrante, son regard impitoyable.
… Et parce qu’ils ont cherché dans la chair et dans le sang, c’est par la douleur et la mort qu’ils reconquièrent, à leurs dépens, la conscience de ce qu’ils furent.
Car le plaisir, reprit-elle après une pause et toute rayonnante à nouveau, le plaisir n’est pas jouissance impatiente et fugitive… Le plaisir n’est pas une illusion. S’il existait pour les Terrestres, le plaisir serait l’unique terme de l’être, l’euphorie totale, l’Absolu. Vous ne violez ici que l’antichambre du plaisir ; il est là-bas, lui, dans les Jardins.
– Dans les Jardins ?

Un étonnement comique dut se peindre sur mes traits. Notre hôtesse se mit à rire.
– Les Jardins, certes.
– La fleur de lune, le papillon solaire, l’oiseau de la Barbade ? interrompit mon ami. (Et ces paroles, en un tel lieu, n’avaient rien que de fort banal)… Vous m’en fîtes, l’autre soir, de bien séduisantes descriptions. Quand serai-je admis à les voir, miss Angela ?
– Quand vous renoncerez aux pervers attraits du calembour pour l’étude amoureuse des énigmes éternelles. Ma réponse vous déçoit-elle, Mr Travers ?

Le fait est que, dépouillé d’ironie, Percival ressemblait à un vieil enfant piteux et grondé, « au confus visiteur qu’une poule aurait pris », pensai-je, sans oser formuler ma critique.
– Mais, du moins… le concert des cloches ? implora-t-il. The bells ? Ne les entendrons-nous pas ?
– Vous y tenez, vraiment ?
– Si j’y tiens ! Je ne parviens pas à concevoir ce qu’elles laissèrent en moi d’inachevé…
– Elles sont un avant-goût du plaisir, du céleste, du divin plaisir, dit Angela. Elles vous appellent à la vision future des Jardins oubliés, le comprenez-vous ? Voici le marteau d’or seul capable de les mettre en branle et d’engendrer pour votre joie les harmonieux rapports captés au vol par des musiciens élus : Mozart, Lulli, quelques autres… Ô plaisir, plaisir, exaltation, lyrisme, échange délicieux de l’esprit avec l’esprit !… Plaisir, essor, rythme parfait, allégresse, délicatesse, grâce, danse, nuance, délivrance, connaissance, enfin ! Désir comblé. Amour fondu dans l’Amour.

Du fin marteau qui brillait au bout de ses doigts, elle frappa la cloche centrale et lui fit rendre un son d’une inexprimable pureté. Alors, au contact de je ne sais quelles mains aériennes, les autres cloches soudain remuées, flancs sensibles aux coups de leurs battants vermeils, les autres cloches se mirent à vibrer. Et elles s’accordaient avec une aisance surnaturelle. Ce fut, ainsi qu’Angela nous l’avait affirmé, l’essor, la grâce, la danse, la délivrance… J’avais l’impression de m’évader de mon corps, de me dissoudre en de fluides substances, de découvrir un infini. Aux sonorités qui raillaient ma pesanteur, se mêlaient d’inouïs ravissements. N’entendais-je pas les mots d’une poésie étrange ? Les trompettes et les flûtes d’argent des Légions séraphiques ? Les conques translucides et les mandores d’une troupe de chérubins ? Harpes et cithares ne frémissaient-elles pas de toutes leurs cordes, cheveux ou fils de la Vierge ? Et des sources ruisselantes, cascades et cascatelles, des brises dans les feuillages, des louanges d’oiseaux passionnés, d’oiseaux chanteurs par myriades, ne s’unissaient-elles pas à ces cordes ? À ces cloches en rumeur ? À la cadence de ces cloches ?
Couleurs, nuances, bouffées, selon telle ou telle autre clé sonore, me transportaient et me grisaient, tandis qu’Angela, nimbée de poudres astrales, allait et venait dans sa boutique parmi les coupes et les buires, les miroirs et les cristaux.
Je ne saurais calculer la durée de ce prodige. L’intense vibration s’affaiblit, les visions colorées se dissipèrent, une fraîcheur souffla sur un prisme. Dans l’unisson du blanc s’établit un grand silence immobile.
Que se passa-t-il immédiatement après, j’en ai perdu le souvenir. J’étouffais… J’avais peine à réintégrer ma prison, à regagner mon être opaque. Ce n’est que fouettée par une course de somnambule et dans un vertige ultime, que je repris conscience du monde extérieur. Nous descendions les degrés de la terrasse des Tuileries. Le soleil de midi nous aveuglait, les vastes perspectives de la Concorde se déployaient sous nos yeux. Percival s’était arrêté pour allumer une cigarette, et je l’entendais en sourdine.
– Ceci… peuh ! Apparence, épaisseur, effort, bruit insupportable, après tout ! Most wonderfull, le concert des cloches… Mais très dangereux. On reste obsédé, incapable de se réajuster à la brute quotidienne, au cercle social des canailles et des imbéciles… Je n’aurais jamais dû risquer cette seconde expérience, ma chère amie. Excuse me, I’ve been a d.m.d. fool. Et sachez bien que nous sommes ici-bas pour de plates besognes et de vulgaires sentiments.

Il empocha son briquet, escorta du regard la mince colonne de fumée qui s’échappait de ses lèvres, recomposa son masque d’irlandais moqueur dans une grimace volontaire.
… La boutique… boutique… boutique…
– Que grommelez-vous là, Percy ? Qu’est-ce encore ?
– Je cherche la fausse définition du terme boutique. La fausse… fausse…

En cet instant précis, l’encombrement des véhicules nous sépara. Heurté, bousculé, mon compagnon fit volte-face, et je crus distinguer sa silhouette dans la foule. Mais il disparut bientôt comme un fantôme.
Je m’élançai sur ses traces, et malgré le pénible bourdon des mots à mon oreille : « Fausse définition… fausse… fausse… » Dans une mouvante nappe de brouillard, j’errais vainement et sans but.
Percival ne reparut point. Je dus rentrer chez moi, titubante de fantasmagories.

Lorsqu’il séjourne à Paris, Mr Travers choisit pour y loger un de nos meilleurs hôtels des Champs-Élysées. Or j’appris le lendemain, pour m’en être informée, qu’il était reparti sans laisser d’adresse. Fuyait-il d’occultes tentations ? Suis-je si directement associée au péril de certains mirages, qu’il me laisse depuis lors sans nouvelles ? Nos amis communs assurent qu’il vient de s’embarquer pour les Indes.
Une course matinale, cependant, m’a ramenée place des Vosges. En longeant la rue Saint-Claude, j’ai retrouvé la discrète façade de la boutique où rien n’est à vendre. Façade fraîchement recrépie.
Un ouvrier, juché sur une échelle, sifflotait une romance ; il badigeonnait d’ocre la porte. Des pierres anonymes se substituaient aux marches usées par les siècles.
– Cette maison, dis-je, n’était-elle pas, il y a quelques semaines, une boutique où…
– Je crois, dit l’homme, que ce local est demeuré vacant pendant de longues années. Ce fut une miroiterie, autrefois… Voyez, au fond, les glaces en morceaux, le sol jonché d’éclats et de poussière. On n’a pas déblayé le fourbi.

À mes pieds gisait un fragment de cristal dont, furtive, je m’emparai.
– Et… le nouveau locataire ? Un commerçant ?
– Un charcutier. Il s’installera le mois prochain.

Je n’avais plus qu’à renoncer aux investigations, à me désintéresser du mystère.
Et j’ai repris les chemins battus.
L’aventure fut-elle un songe ? Sans doute. Songe importun. Voici qu’il efface en moi, peu à peu, le souci des réalités tangibles… Voici qu’il découvre des horizons insoupçonnés. Les choses qui, naguère, me séduisaient, deviennent sons aigres ou fêlés, images trompeuses, caricatures. Toute matière m’est suspecte d’alliage, tout me déçoit et me lasse.
L’Art ? Un mets frelaté. La Nature ? Un reflet des merveilles perdues. Hé quoi, que s’est-il passé ? Ces grincements dans la machine… Cette culbute dans l’ornière… Ce plaisir irritant et fuyant… Ce plaisir… C’est en hauteur, qu’il nous fallait glisser ! Le dédale est-il magique ? N’y a‑t-il pas là des Antilles célestes ? Un frisson musical d’eaux-vives ?
Des cloches me convient. Les mille facettes d’un miroir brisé s’allument et scintillent, et des jardins voudraient s’ouvrir.
Le songe est noté, fixé. Récit absurde. Inexact, aussi. Les mots trahissent, j’ai glissé, mais dans l’ornière. Récit qui me laisse flottante, incertaine, pleine de trouble et d’inquiète perplexité.

* Le terme employé dans le texte original est « nègre ».

Ça pique de l’œil ?

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Renée de Brimont (1880–1943) est une figure discrète mais marquante dans le paysage littéraire français du début du XXe siècle. Romancière, poétesse, traductrice ou critique, son œuvre est dense, teintée de symbolisme et de nostalgie (Belle Rose, Psyché, L’Essor, Mirages), son parcours éclectique et cultivé (collaboratrice à la Revue des Deux Mondes, présidente de la société littéraire féminine Les Cent une, proche du milieu saphique parisien).

La boutique où rien n’est à vendre est paru sous la forme d’un petit livre tiré sur papier de Chine à soixante exemplaires numérotés, sa date de publication reste inconnue. Il intègre, en préambule, la dédicace : « À Maurice Darantière qui m’a demandé ce petit texte. En bien amical hommage d’auteur. »

Magazine Aléatoire remercie les ayants droit de Renée de Brimont pour le prêt d’un exemplaire original de l’ouvrage et tout spécialement Claire Ponselle pour son aide et ses avis éclairés.

Texte : Renée de Brimont — Image : d’après Artist/maker unknown, Eye Miniatures, Watercolors on ivory, c. 1800–1810. Philadelphia Museum of Art.
06/2025

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