L’entrevue qui déchire ton beau costume du dimanche

Spectateurs du vide

Qui s’y colle s’y pique… douze questions et demie pour dix réponses trois quarts plus une, l’entrevue impossible. Bonjour Michel Cloup !

Portrait en costume d'ours, une image de Philippe Lebruman illustrant L’entrevue qui déchire de Michel Cloup par Yann Febvre pour Magazine Aléatoire.

Magazine Aléatoire — Comment t’appelles-tu et pourquoi, que fais-tu de ta vie et comment ?

Michel Cloup — Ma sœur voulait que je m’appelle Christophe, en hommage au chanteur dont elle était fan, mes parents ont choisi autre chose, je n’en connais pas la raison.
Il y a quelques mois, j’ai entendu une émission de radio en ligne où un auteur me présentait comme un chercheur musical, j’ai pris ça comme un compliment. 

De quoi te sens-tu coupable et capable ?

Coupable d’appartenir à une génération de spectateurs du vide.
Capable de continuer à remplir ce vide de contenu.

Si tu devais changer de membres, ils seraient plus lourds ?

Je deviendrais l’équivalent du man-machine de Kraftwerk, mais pour le rock.

Ça te fait mal quand tu y penses ?

Parfois, oui, au milieu de la nuit, je ressens une petite douleur au niveau de la poitrine. Il m’arrive de me rendormir instantanément, il m’arrive que cette douleur empire jusqu’à une sensation de suffocation. Je me lève, je prends l’air et ça va mieux. 

Parmi les évolutions à venir chez l’homme, tu préfères dormir assis ou t’assoir debout ?

Dormir assis : je maîtrise parfaitement cette pratique depuis longtemps. Plus sérieusement, je ne pense pas que l’humain puisse évoluer. Il est plus sur une phase de dégénérescence aiguë.

Tu te casses les deux bras… quel est ton livre de chevet ? 

Ton livre de chevet Michel Cloup ? L’entrevue qui déchire de Michel Cloup pour Magazine Aléatoire.

Entre la politique qui serait une imposture et la religion une pathologie, quel camp choisis-tu et organises-tu une énième révolution ?

Je choisis la politique. Je travaille actuellement avec des scientifiques d’extrême-gauche à l’élaboration d’un super virus anti-capitaliste. Les personnes infectées deviendraient des soldats-héros, à la force physique décuplée, immunisés contre les gaz lacrymogènes, insensibles aux coups ou autres tirs mutilants. Je veux créer une armée de super-gilets jaunes qui pourchasseraient les plus riches jusque dans leurs paradis fiscaux pour leur tousser à la gueule afin qu’eux aussi rejoignent cette super-armée. Je ne vois que ça pour sauver la planète.

Non-Stop, Binary Audio Misfits, Programme, Diabologum et quelques autres ont construit des expériences marquantes et pragmatiques, aux airs sublimes, peux-tu en dire autant ? 

Des institutions, des médias, de l’artiste, qui fait l’œuvre de nos jours, selon toi ?

Qui fait l’œuvre de nos jours Michel Cloup ? L’entrevue qui déchire de Michel Cloup pour Magazine Aléatoire.

Dans ton domaine d’activité, balance ce et ceux que tu ne supportes plus…

J’ai pris la décision il y a déjà longtemps d’ignorer ceux que je méprise. Je perdais beaucoup trop de temps et d’énergie à les mépriser. Je vis dans un autre monde. Ça ne veut pas dire que je ne les méprise plus ou que je ne sais pas qui ils sont, mais j’ai posé un mur protecteur entre eux et moi. Je me concentre essentiellement sur ceux que j’aime et qui je pense, font partie du même monde que moi. Pascal Bouaziz arrive en tête du classement, c’est mon frère cosmique.

À une question à laquelle tu ne peux répondre que par oui ou non, tu réponds peut-être ?

Peut-être.

Tu dis on recommence ?

On continue, surtout.

Question complémentaire

À la question sur un sujet très pointu qui ne t’est pas posée, réponds ce que tu veux.

J’adore les micros P90. Ce sont des micros simple bobinage mais très proches des doubles. Ils ont un son à la fois épais et plein d’attaque, selon le type d’aimants Alnico à l’intérieur, les fréquences aiguës sont plus ou moins agressives. Avec un Alnico 2 on obtient un son plus doux mais quand même assez mordant. J’utilise des guitares équipées de P90 depuis 10 ans maintenant.

Michel Cloup, au travers de son projet « Michel Cloup Duo », est à nos paysages sonores ce que sont Charles Trenet aux congés payés, Claude François à la dinette ou Bertrand Belin au roman-photo, un accroc dans notre mémoire collective.

En savoir plus : www.michelcloup.com — michelcloup.bandcamp.comwww.mendelson.fr

Entretien : Yann Febvre — Image : Philippe Lebruman.
05/2020

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