Figures mouvantes
Écrire
L’aridité d’une journée d’écriture, je l’abandonne au paysage.
Aussi précieuse que soit la page blanche, il est agréable de la voir lentement se couvrir de signes minuscules. Sans logique apparente, ils se regroupent : invention de soi qui sait attendre, car la nouveauté rend aveugle.
Sur la table lisse, l’ombre de la branche dessine une ramification comparable aux lignes de la main.
Écrire ou dessiner… j’hésite.
Un très beau livre de ratures pourrait exister, aussi attirant qu’un jardin clos. On s’y introduirait clandestinement, pour y chercher une chose que l’on a pas encore nommée. Ayant refermé la porte derrière soi, on viendrait là, jour après jour, mot après mot, pour travailler à sa propre disparition.
Figure (é)mouvante.
En 1999, il y eût cette pluie de mots éparpillés sur la page, tombés d’on ne sait où…
Et maintenant il y a en bon ordre sur cette plaque mon « ridiculum vitae » : B. G. né en 1948 – mort en… Une question reste une question, mais Dieu merci, le ridiculum n’a jamais tué personne.
Pour Aléatoire, « pour aller à toi Relecteur inconnu. Pour aller à Toire, ce pays où l’on arrive jamais ».
L’ouvrage de Bruno Guittard, Figures mouvantes, recueil de cent courts textes accompagnés de dessins originaux, est paru initialement aux éditions Le Capucin en 2000. Pour Magazine Aléatoire, extraits choisis.
Lire aussi : Conseils d’ami — Rite de passage — L’arithmétique des morts — La photographie en couleur — Au pays des erreurs — Garde-meuble
Textes et image : Bruno Guittard.
10/2021
Une suite…