Faunette
Le nid
À l’entrée, ou plutôt à la sortie de T., mon village de toujours, il y a une statue de vierge sous un portique, blanche et bleue, grandeur nature, avec une couronne. Elle se situe à l’intersection de trois routes ; comme Hécate, déesse-sorcière grecque des croisements. Enfant, je n’étais pas tant interpellée par ce curieux cousinage, que par le nid construit au creux de la couronne. L’endroit était parfaitement choisi : sa forme circulaire semblait conçue pour accueillir une couvée douillette, à l’abri des intempéries et des prédateurs.
La coiffe perdait de sa superbe, soudainement profanée en toute innocence par quelque passereau. Elle prêtait désormais à rire. Je me dis alors que la vraie gloire de Marie ne résidait pas tant dans le symbole de sa royauté, qu’en ce qu’elle était auréolée d’oiseaux.
			Les récits sont innombrables. Ils sortent de partout, d’un écrin de savon, d’une tête de mort en plastique, d’un chant qui coule en secret. Ils partent n’importe où, ruisseau dévalant la montagne, entre chênes et bouleaux. Et Zoé Viala en attrape, en élève, en fixe quelques-uns sous la lumière d’une lampe à lave bleue. Et tout s’échappe.
« Le nid » fait partie de la série Faunette : petit bestiaire d’enfance et de jeunesse, anthologie de souvenirs, émanations, réflexions, réminiscences et anecdotes animales. Pour Magazine Aléatoire, extraits choisis…
En savoir plus : @zo.evia.la
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Texte et image : Zoé Viala.
11/2025







