Faunette
La peau
À seize ans, j’ai attrapé la gale. C’est le bus scolaire qui semble être à l’origine de cette petite épidémie qui s’était répandue dans le lycée C. M. J’étais parmi les premier.e.s malades, et je me pensais seule concernée. J’étais terriblement honteuse d’être atteinte de ce mal qui pour moi était anachronique. En grattant inlassablement mes bras, je pensais un peu rêveusement, et non sans une certaine fascination, aux sillons séculaires invisibles creusés sous ma peau par ces petites bêtes d’un autre temps.
Les récits sont innombrables. Ils sortent de partout, d’un écrin de savon, d’une tête de mort en plastique, d’un chant qui coule en secret. Ils partent n’importe où, ruisseau dévalant la montagne, entre chênes et bouleaux. Et Zoé Viala en attrape, en élève, en fixe quelques-uns sous la lumière d’une lampe à lave bleue. Et tout s’échappe.
« La peau » fait partie de la série Faunette : petit bestiaire d’enfance et de jeunesse, anthologie de souvenirs, émanations, réflexions, réminiscences et anecdotes animales. Pour Magazine Aléatoire, extraits choisis…
En savoir plus : @zo.evia.la
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Texte et image : Zoé Viala.
11/2025







