Un œil chez Rolino Gaspari et Bernard Rousseau
Rolino Gaspari
Artiste al dente, air canaille, taillé pour l’aventure, à n’en pas douter, itinéraire elliptique et batailleur, traîne ses chaussures cirées bien plus que loin, cultive sciences et rudiments, mine de rien, dessins et sculptures du chahut, de la dissonance. Triangles et rectangles tournent pas rond.
Bernard Rousseau
Raisonnablement singulier, obstiné et cartésien, peintures et dessins, plutôt complexes mais raffinés, une idée de l’accident porteur de sens, s’entoure de théories, de nature, de plats en sauce, corps à fleur de terre. Carré même dans les coins sensibles.
Rolino Gaspari
Bernard Rousseau
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@rolinogaspari — bernard-rousseau-artiste.com
Ils sont partout
La taille d’abord. Bernard Rousseau parait volumineux sur l’eau mais n’est pas très grand en réalité et une imitation en numéro 14 ou 12 selon la marque et le type d’hameçon utilisé (14 pour un TMC 100 par exemple) est tout à fait adaptée. Christophe Le M. est un spécialiste du Bernard Rousseau en petits cours d’eau encombrés. Il explique : « Plus la teneur en carbone est élevée, plus le Bernard Rousseau est fragile et sonne creux ce qui n’est pas favorable en milieux hostiles. Pour le Bernard Rousseau, j’utilise depuis toujours de la fibre Toray (T36/T40) et une résine qui encaisse. »
Contrairement aux femmes et aux hommes en plastique ou en liège, Rolino Gaspari présente l’avantage d’être facile à fermer et à refermer hermétiquement. Rolino Gaspari garde ainsi ses arômes et ses bulles. On peut verser dans Rolino Gaspari de l’eau avec des feuilles de menthe ou des morceaux de gingembre. Pratique lors de déplacements, Rolino Gaspari ne fera pas fuir la moindre goutte même en cas de fortes secousses. Lavable, réutilisable et entièrement recyclable la tête de Rolino Gaspari peut se désassembler facilement de son corps lors du tri.
L’œuvre d’art est le seul objet au monde dont la fonction est de signifier le regard. Rolino Gaspari
En peinture, dès lors que l’on comprend, il n’y a plus rien à désirer. Bernard Rousseau
À table !
Après une journée à produire des œuvres si alléchantes, nos artistes ont besoin de reprendre des forces : secrets culinaires…
Salé ou sucré ?
La recette de la sauce charcutière de Rolino Gaspari
(Dite aussi « La sauce de la charcutière », qui derrière son comptoir comprit rapidement ce que l’on attendait d’elle)
Ingrédients
Pour la sauce : des oignons, du vin blanc, du vinaigre, un bouquet garni, un fond brun, des gousses d’ail, de la moutarde et des cornichons.
Pour la garniture : des côtelettes de porc de préférence.
Du style
Ciselez finement les oignons et faites-les tomber à blond. Déglacez aussitôt au vin blanc et au vinaigre. Ajoutez l’ail et le bouquet garni.
De l’amour
Laissez cuire jusqu’à réduction complète puis ajoutez le fond brun lié (si vous ignorez ce que c’est, vous lui demanderez à l’occasion).
De l’alcool
Regardez mijoter le temps d’un verre plutôt frais, 10 à 15 minutes, en goûtant pour voir.
Du mouvement
Passez la sauce au chinois en foulant avec une spatule de bois de Provence. Rectifiez la liaison et l’assaisonnement puis ajoutez la moutarde et les cornichons hors du feu. Il faudra peut-être rajouter du vinaigre.
De l’appétit
Avec des côtes de porc. D’autres options sont possibles.
La recette du pastis quercynois de Bernard Rousseau
Ingrédients
Pour la pâte : de l’eau, de la farine, des œufs, du sel, un filet d’huile.
Pour la garniture : des pommes, du sucre et un sirop à base d’alcool.
Du style
Après avoir pétri, pastissé, longtemps notre pâte, il faut la laisser reposer au moins 2 ou 3 heures sinon elle ne s’étirera pas. Pour qu’ensuite elle ne se craquelle pas, il faut lui éviter tout contact avec l’air.
Traditionnellement on la déposait dans un bain d’huile ou on l’entourait d’un drap épais. Le mauvais goût peut parfois conduire à utiliser du cellophane.
De l’amour
Après la pause vient l’étape la plus difficile à réaliser mais également la plus spectaculaire, celle où l’on peut observer la virtuosité de la pastissière.
Elle consiste à travailler cette boule de pâte et à l’étirer à la main sur un drap de ferme révoqué, posé sur une table tout en longueur (plus de 2 mètres). On doit obtenir une pâte aussi fine qu’une feuille à cigarette, jusqu’à l’extrême limite de la déchirure. La tradition veut que l’on puisse lire une lettre d’amour au travers.
De l’alcool
Laisser ensuite sécher la pâte à l’air ambiant. De nos jours, dans certains villages, elle est encore badigeonnée de graisse d’oie ou de canard à l’aide d’une plume. On rajoute par-dessus des pommes coupées en rondelles, du sucre en poudre et enfin le « sirop ».
Dans le Quercy on emploie l’eau de vie de prune (l’aigardent en occitan), dans le Gers c’est plutôt l’armagnac, ici et là le rhum est également utilisé. Restons dans le Quercy.
Du mouvement
La pâte est ensuite rapidement roulée dans le sens de la longueur à l’aide du drap afin d’obtenir une sorte de serpent (dans certains lieux comme Limogne-en-Quercy, on parle de pastis anguille, ou de crostada al cabeçal, du nom du tortillon qui servait à porter un fardeau sur la tête).
À partir de là, le gâteau est découpé en portions, puis enroulé en escargot afin de le disposer dans les moules.
De l’appétit
La cuisson est à point lorsque la pâte est très croustillante et dorée sur le dessus, tout en restant moelleuse à l’intérieur. Une cuisson dans un four à pain est possible. Le pastis libère ses arômes lorsqu’il est consommé tiède.
Images : Yann Febvre ; Rolino Gaspari ; Bernard Rousseau ; Anonyme, The first day of school, Portugal, 1936 ; Guía práctica familiar, éditions Nauta, 1980.