Voir venir
Passage à gué
Voir venir Karl Marx au sommet d’une montagne, cimes dans la brume, nu de la tête et de la terre au ciel. En bas pendant ce temps-là, on étouffe de chaleur, pendant que le ventilateur fait joliment danser les fleurs du mal. Un capital qu’il n’a pas eu à l’œil, pétillant de mortalité. Elle se déshabille devant Karl Marx comme un boomerang qui ne reviendrait plus. Ou bien peut-être… et dénudés. Ici l’horizon nous emporte loin loin au plus profond des couleurs et des jeux d’enfants dans les eaux troubles endiguées d’un passage à gué, d’une colline verdoyante. Un éclair au chocolat céleste éclate ! C’est sûrement là-bas, j’y vais, l’âme en paix, des nonnes vagabondent sur ces plages enneigées de montagne ou d’azur es un infinito cargado de l’amour singulier au pluriel… respiration, inspiration, sans oublier l’expiration lacustre partout et nulle part. Ce n’est pas ma devise ouaff. Mais les flots et les mots sont là, vague d’espoir d’un mystérieux langage sous les eaux troubles d’une tentative de cadavre. Exquis.
De préférence là-bas
Voir venir. Les fleurs, l’odeur du marteau-piqueur, me font désagréablement sortir les yeux de la tête. De pissenlit en coquelicot mes mille rêves s’envolent dans les pales du grand ventilateur qui respire l’été, et le calme de la prairie où à l’œil nu j’ai vu du feu dans fumée. Et il n’y a pas de fumée sans feu ou sans étoile.
– Booh boomerang !
– Boomerang dites-vous ?
– Non, juste la douceur de vivre ou [à] paresse de l’âme. Ici, là et ailleurs, la lumière a jailli tout près, aussi profond que l’océan de tes yeux, miséricordieux mais un peu chassieux. Traversons à gué, à pied, à vélo, à clarinette un éclair qui danse.
De nuit de préférence là-bas, près du bleu de tes yeux de myope, rattrapons le chat, le chat Perro Marino (drôle de nom un peu). Miaule avec un cri assez singulier. Petit chat mignon mais très méchant, qui marchait délicatement sur du bitume chaud, drame. Pissant partout, il y a des gens qui dansent la samba et la bachata sur la route de Memphis. Enfin découvrir le goût acide d’un dessert rosé exquis.
Image : catalogue Fonderie Deberny et Peignot, collection Magazine Aléatoire ; Adolph B. Rice Studio, Thalhimers, shoes, 1957, Library of Virginia.